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Les Charbonniers

    Les charbonniers, les charbonnières, le charbon de bois

    De Beauregard, dans les années 1960, on voyait encore de grandes coupes de bois au flanc de Musan, c’était l’œuvre des derniers charbonniers du Vercors.
    Pour leur rendre hommage et mieux comprendre la vie de nos grands parents dans la montagne voici un petit résumé de ce qu’était leur travail.
    J’ai utilisé pour cela, le livre « Je suis né charbonnier dans la Vercors » de Philippe Hanus dans la collection « Etudes et chroniques» du parc naturel régional du Vercors, dont je cite beaucoup d’extraits (et que je vous conseille).
    J’ai également utilisé des photos prises à Beauregard, trouvées sur le site « Mémoire de la Drôme » ainsi que d’autres documents du web.
    Merci à tous.
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     HISTOIRE du CHARBON de BOIS
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    Le charbon de bois, c’est cette substance solide obtenue par la distillation du bois, à l’abri de l’air, à une température d’environ 300°. …
    … Le charbon de bois, pour le même poids de combustible, fournit beaucoup plus de calories que le bois (30 contre 18). En revanche, sa fabrication, aboutit à consommer presque trois fois plus de bois que si on l’avait brûle directement.
    Convenablement préparé, il devient un combustible qui brûle sans flamme ni fumée, … Selon l’avis des professionnels, un bon charbon doit être bien cuit, et présenter la forme du végétal qui l’a produit ; il est noir, brillant, dur, pesant, sonore, solide et se cassant difficilement, salissant faiblement les doigts, ne présentant pas de fentes considérables, … Il s’allume facilement, brûle avec vivacité et sans répandre d’odeur désagréable. Plus d’infos
    Utilisation
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    Le charbon de bois n’est plus guère utilisé de nos jours que par les amateurs de grillades …
    Naguère dans nos contrées, ses usages étaient multiples et variés : il servait à l’usage domestique, pour le chauffage et la cuisson des aliments, et pour certains fers à repasser.
     L’artisanat et l’industrie l’ont principalement employé à la fabrication et au travail des métaux, et dans les gazogènes.
    Dans les fabriques d’armement, il était un des composants essentiels de la poudre noire.
    Il entrait dans la composition de certaines peintures, servait à l’épuration du gaz d’éclairage, au filtrage des jus de betteraves.
    En médecine, il était considéré comme un bon remède contre certains problèmes gastriques.
    FABRICATION du CHARBON de BOIS
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                             La méthode traditionnelle : la meule         Le bois est empilé, par couches superposées, de façon à former une meule ou fourneau. Cette meule est recouverte d’une enveloppe de feuilles sèches et de mousse, sur laquelle on dispose, pour empêcher l’accès de l’air, une couche de terre mélangée de frasil ou frasin, poussière issue des fourneaux précédemment carbonisés.
    On met le feu par le haut, dans une cheminée prévue au centre, ou quelquefois, par des canaux réservés dans la masse du bois contre le sol. Le charbonnier maîtrise l’opération en ouvrant successivement des évents dans les différents points de la couverture.

    Plus d’infos

    CHARBON de Forge

           Indispensable pour la fabrication du fer
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            Le charbon de bois était utilisé, dans des fours, comme combustible en vue de la réduction du minerai de fer. (Transformation du minerai en métal sous l’effet de la chaleur « >900° C » et en présence de carbone.) … L’oxyde de carbone, produit par la combustion du charbon de bois, est le corps réducteur par excellence. … Le charbon de bois est donc indispensable à la réussite de-cette opération parce qu’il fournit la chaleur et apporte le carbone. …Le fer doux obtenu, est traité ensuite par différents procédés (forge, trempe, etc) pour le rendre apte à la fabrication des outils ou des armes. Plus d’infos

    Lieu de fabrication
         En forêt on découvre fréquemment, lorsque disparait le manteau neigeux, des zones très noires, cendreuses ou de très belles couches charbonneuses, épaisses parfois de plusieurs dizaines de centimètres. Ces foyers anciens, peuvent être des charbonnières … lorsqu’on voit encore les traces de plates-formes aménagées
    Transport
        Dans les zones de montagne au relief accidenté, le transport du charbon vers les centres d’activité n’est pas chose aisée. Avant le développement du réseau routier dans la seconde moitié du XIXe siècle, un ensemble de chemins sillonnent l’espace montagnard. …
        Le transport se fait le long de sentiers escarpés, à dos d’homme ou de bêtes de bât (ânes ou mulets), formant de véritables caravanes. …
        Le transit, quoiqu’important et bien organisé, n’est pas sans représenter quelque danger :
    Jusqu’au milieu du XIXe siècle, pour se défendre des loups qui viennent de la montagne de Larps (l’Arp), le mulet de queue porte à son arrière-train un tablier de cuir sur lequel les morsures n’ont pas de prise. Par un anneau on attache un fagot de buis qui s’agite de droite et de gauche aux cahots de la route et dont le mouvement, en inquiétant la meute des loups, l’empêche de s’approcher.
     Surexploitation des forêts
         Dans toute la France, à la fin du XVIIIe siècle, on déplore la dévastation des forêts par la métallurgie
         Le Grand Maître Boissier, recommande que!
    « Dans septembre et octobre les charbonniers fassent leurs abattages de bois, qu’ils les empilent et les mettent par morceaux…
    Ensuite, dès que les neiges seront fondues, ils monteront à la montagne pour faire leur charbonnière et il leur sera permis d’abattre quelques feuillages nécessaires pour couvrir la charbonnière vulgairement appelés dazes.
    Ils seront condamnés à l’amende s’ils abattent de nouveaux bois et a mesure que le charbon sera fait, ils le feront voiturer et agiront ainsi successivement tous les ans ».
     La révolte contre l’autorité forestière
          Le Code forestier, appliqué rigoureusement sous la Monarchie de juillet maîtrise progressivement les usages des habitants. Le garde forestier devient donc, pour un temps, l’ennemi des petits paysans, les communautés n’acceptant pas d’être ainsi dessaisies de la jouissance de leurs biens. certains représentants de l’autorité forestière ont été malmenés par les hommes du Vercors qui souhaitent imposer le retour aux usages anciens.
    La « fronde » s’atténue à partir de 1860, car une attitude plus conciliante permet aux responsables des Eaux et Forêts de mettre progressivement en œuvre la protection des terrains de montagne.
    Dans les années 1940 -1960
    Les derniers temps du charbonnage dans le Vercors sont étroitement liés à la venue des Italiens (bergamasques)
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    Charbonniers dans les Monts du matin (Musan 1941)

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    Charbonniers sur Sonnaise aidé par des gens de Beauregard

    Le travail du charbonnier
    Préparation du bois : la coupe
          La coupe est l’emplacement ou le charbonnier doit couper le bois. Au cours de l’hiver, ou en début de saison, les feuillus sont abattus à la hache et au passe-partout.
    On abat généralement en sève basse, en lune vieille pour les feuillus. Le bois était laissé par terre entrecroisé, afin qu’il s’aère. Il était ensuite ébranché avec une serpette, appelée « gouillarde » ou « ronchetto », petit outil que le charbonnier porte toujours à la ceinture.
     Préparation de la plate-forme
         Si elle est nouvelle, elle se situe généralement au cœur de la coupe, dans un secteur abrité du vent, et si possible à proximité d’un chemin.
     L’édification de la meule  charb 06.jpg

    L’aire à faude préparée, commence la construction de la meule.

    Une cheminée centrale est indispensable pour la mise à feu, elle est conçue de manière très simple : – un piquet d’environ 15 cm de diamètre et de 2,50 m de hauteur est planté à faible profondeur au centre de l’aire . On édifie une cage triangulaire autour en croisant morceaux de bois bien droits d’environ 50 cm., la meule terminée on enlève le piquet et la cheminée est ouverte. Plus d’infos

    La carbonisationcharb 18.jpg

        La combustion dure en moyenne dix jours Pendant la combustion, il faut sans arrêt modérer ou exciter le feu.
    Dans le Vercors, le vent du sud souffle parfois fort, il faut s’en protéger avec des paravents de branches, afin d’éviter l’incendie.
    Au bout dune dizaine de jours, la fumée qui était jaunâtre, s’éclaircie et devient bleuâtre, il faut alors étouffer le feu.
     Tirer le charbon
        Au bout de 12 à 15 jours, la meule s’affaisse. Le charbon est écarté à l’aide ‘une fourche appelée « gobole ». Une fois refroidi, le charbon est jeté sur une grille et trillé.
     La mise en sac
    Quand il est bien froid, le charbon est mis dans des grands sacs de jute d’environ un mètre de hauteur et de 50 à 70 Kg.
     Le transport du charbon
     Dans les coupes difficiles, de nombreux câbles ont été installés dans tout le Vercors, afin de descendre du bois et les sacs de charbon
    Une légende : Rencontre entre le roi et le charbonnier :
    « Un roi qui se promenait dans un bois y rencontra un homme qui chipotait du bois ; il lui dit :
    Qu’est-ce que vous faites là mon brave homme ?
    Et bien, je fais le charbon. Sire.
    Ah ! Vous faites le charbon. Est-ce que vous gagnez beaucoup en faisant ce travail-là ?
    Non, j’gagne pas bien, j’gagne que vingt sous par jour.
    Mais est-ce que vous vivez avec un si petit salaire ?
    Eh ! Bien sûr que nous vivons !
    Vous n’êtes donc pas nombreux de famille
    Et bien, Sire, nous sommes sept : j’ai mon père, avec ma femme et quatre enfants, et moi, et nous vivons maigrement, mais nous vivons. Et puis, en même temps, je paie mes dettes et je mets de l’argent à l’intérêt.
    Le roi fut tellement surpris qu’il s’en alla sans lui demander une explication. Mais quand il arriva chez lui, il réfléchit, il dit comme ça :
    Ce brave homme doit connaître une manière de vivre que les autres ne connaissent pas.
    Il lui écrivit de se rendre à la cour, qu’il voulait lui demander une explication, et le brave charbonnier s’y rendit. Le roi dit :
    Et bien, mon brave homme, je vous ai fait appeler pour vous demander une explication sur votre manière de vivre,
    que j’en suis très étonné : de nourrir sept personnes sur votre salaire de vingt sous, et surtout de payer vos dettes et de mettre de l’argent à l’intérêt.
    Et le brave homme lui dit comme ça :
    Mais, Sire, vous allez bien comprendre que, en nourrissant mon père, je paie mes dettes, et en nourrissant mes enfants je mets de l’argent à l’intérêt.
    C’est ce que je n’avais pas compris. Oh ! Que vous êtes un brave homme, que vous me faites plaisir.
    Et ce roi, il paraît que c’était un homme charitable : il lui fit une petite pension »‘.
    Exercice :